Le Grand Guius lançait fin août - début septembre une grande campagne sur le limes rhénan, destinée à pacifier la marche alsacienne. Près de quatre mois plus tard, il est temps de dresser un premier bilan des actions effectuées.
De multiples mesures ont déjà été entreprises. Si la construction d'édifices publics tels que des thermes, des théâtres et des temples a été ralentie - mais pas annulée - par la crise de la dette, de multiples efforts ont été menés pour bâtir des maisons en dur, afin de remplacer les habitats germains protohistoriques. Des soldats ont également été mobilisés pour améliorer le réseau routier, même si la majorité des voies n'est pas encore revêtue. Dans les centres urbains de moyenne et de grande importance, l'usage de la monnaie commence doucement à se répandre. De la même manière, il est enfin possible de se procurer des repas gras à base de frites dans les nombreuses localités visitées par le Grand Guius tous les mercredis.
En revanche, les campagnes se montrent très rétives à l'adoption des coutumes latines. Les langues et dialectes barbares ont la vie dure, ce qui rend la communication avec les agents impériaux très difficile. Dans les zones montagneuses et forestières, il n'est pas rare que ces derniers soient contraints de rebrousser chemin, repoussés par des tribus hostiles. Désireux de se montrer pragmatique, le Grand Guius n'a pas interdit les rassemblements protestants, mais le luthéranisme (le zwinglianisme dans l'extrême bas à droite de la province) est perçu par les autorités impériales comme difficilement compatible avec la notion de civilisation et de pax. C'est pourquoi on envisage de limiter le nombre de lieux de cultes protestants autorisés pour des mesures de sécurité. Des missions seront envoyées dans plusieurs oppida à partir de janvier 2012.
Dans le domaine de l'éducation, cher à l'Imperator, l'administration se heurte là aussi à de multiples difficultés. Les élites et leurs enfants peinent à comprendre l'intérêt des arts libéraux et ne perçoivent pas encore l'instruction comme un moyen d'ascension sociale. Plusieurs bourgs ont d'ailleurs refusé de se voir octroyer le droit latin, et le statut de colonie n'est pas encore suffisamment attrayant.
"La romanisation en Alsace rame", reconnaissait encore hier un centurion de la XVIIe Légion, qui se plaignait de devoir repousser toujours plus de hordes de Germains tentant de franchir le limes, y compris depuis les opérations lancées en septembre, alors que les rares auxiliaires germains engagés commencent à faire défection.
Point plus positif : l'hérésie géographique est, elle aussi, en panne en Alsace. La présence du Grand Guius décourage fortement les prédicateurs infidèles. L'Imperator participe par ailleurs activement aux opérations de dégéotification par le dégoût de la D.P.S. (Discipline Prétendue Scientifique).
"Il va falloir durcir l'action dans les semaines à venir", plaide-t-on sur les forums des rares villes bien romanisées. Mais faire comprendre aux Germains les subtilités de la civilisation ne sera pas une mince affaire, et certains sénateurs estiment déjà que la stratégie employée par Agricola en Bretagne il y a vingt siècles ne pourra trouver une issue favorable autour du Rhin.
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